Mon Histoire - Partie 3

Helsingborg. En deux jours, l’affaire était réglée. Malgré les mises en garde de ce même employé sur la distance séparant Lund et Helsingborg, il avait fini par accepter. En désespoir de cause mais il a accepté. Il n’avait pas envie de subir l’auberge de jeunesse plus longtemps d’autant plus qu’il n’était plus seul dans son compartiment et que celui-ci devenait particulièrement exigu. Remontant la côte suédoise, l’øresundståg, le train de l’Öresund, l’emmena donc jusqu’à Helsingborg. À l’arrivée, il avait la gorge nouée comme quand il avait six ans et qu’il se retenait pour ne pas pleurer. Comme ce matin où personne n’avait voulu jouer au football dans son équipe pendant la récréation du matin. Il savait qu’il avait toujours été différent et c’est bien pour ça qu’il fuyait. Encore une fois. Peut-être par lâcheté.

Il fuyait ce monde et ces gens qui lui avaient fait du mal ou pas assez de bien. En même temps, il était assez lucide que pour se rendre compte que c’était bien lui-même qu’il fuyait. Alors c’est pour ça que le 20 août 2008, il s’est retrouvé sous la lumière matte de la Scandinavie. Cette lumière est très particulière, surtout à la fin de l’été. C’est pour ça u’il avait marché dans des villes dont il ignorait jusque là l’existence. La découverte faisait certainement partie de l’aventure. En fait, il aimait cela, mais le risque devait être mesuré. C’est pour cela qu’il se sentait bien en Suède. Parce que tout y était mesuré.

Le lendemain matin, il s’envolait de nouveau mais vers l’Irlande cette fois. Ses parents y passaient leurs vacances et il avait promis de les y rejoindre. Il se sentait bien avec eux sur cette île toute verte. Il a donc repris le train, retraversé le pont dans l’autre sens et s’est envolé. Toujours la même excitation était présente à l’atterrissage à Dublin. Encore quatre heures d’attente pour l’avion vers Donegal, le comté le plus au nord de l’Irlande, le plus reculé aussi. Dans le petit avion à hélices qui l’y emmène, son esprit s’embrouille une fois de plus. Après avoir visité quatre pays en trois jours, trouvé un logement qui ne le satisfaisait pas vraiment, il ne savait plus trop où il en était et si c’était une bonne idée pour lui d’être parti. Il ne savait surtout plus vraiment ce qu’il faisait là. À l’arrivée, comme une bouée de sauvetage dans le vert immaculé de l’Irlande, ses parents sont là pour l’accueillir. Il les avait déjà appelés deux jours plus tôt pour leur dire à quel point il se sentait perdu dans son nouvel environnement suédois. Il pensait être plus fort que ça mais il avait alors éclaté en sanglots, sans pouvoir se retenir. Il n’avait alors pas grand-chose : pas encore d’amis, un logement qui ne lui plaisait pas. Tout était encore à commencer. Pour lui, c’est très dur parce qu’il n’avait jamais été confronté à des situations difficiles ou périlleuses. Il se rappelait alors d’où il venait. Jusque là, sa vie avait été un peu particulière. À force de questions, il ne savait bien évidemment plus ce que sa vie allait être. Il y a des gens qui savent ce qu’ils veulent. Ou plutôt qui semblent ne jamais s’être demandé ce qu’ils voulaient. Lui n’osait plus rien faire à force de questions. Différent, encore une fois