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Xav en Suède - Xav i Sverige
9 décembre 2009

Mon Histoire - Partie 1

Cela n’a finalement pas été si difficile que ça. La vie réserve beaucoup de surprises. Cette angoisse de l’avenir existe toujours. Là, au fond, bien cachée. Mais elle existe. Elle ne partira jamais. Il ne fait pas partie de ceux qui ne peuvent concevoir leur avenir que radieux.

Alors voilà, il a fait ce qu’il aurait dû faire depuis le début : il a repris sa vie en main. Peu de choses ont vraiment changé depuis la gare de Cologne en ce soir très froid de janvier. L’automne arrive et avec lui la neurasthénie qui caractérise ceux qui restent ici. Il est pourtant d’autres endroits où l’automne évoque des couleurs extraordinaires, la mer endiablée et le repos du pêcheur. En Belgique non. Ici, l’automne, ce sont surtout des visages pâles et fermés, ce sont des rêves de plages. Il n’avait jamais rêvé de plages bordées d’eaux tièdes. Les seules plages qu’il envisageait se situaient le long de golfes houleux et de mers démontées. Et puis, il y a l’amour, le plaisir peut-être égoïste de savoir que l’on n’est pas seul. Qu’il y a des gens pour qui on est plus qu’un simple numéro.

Il a toujours pensé qu’il était un de ces poètes romantiques qui s’était perdu au début du XXIe siècle. La réalité est qu’il serait incapable d’écrire un poème en alexandrins et qu’il se sent très bien là où il est, dans son siècle, et qu’il n’a aucune envie d’en changer.

Il veut juste changer d’air. Non pas fuir comme il l’a déjà fait auparavant mais simplement changer d’air et de terre. Il n’a rien ni personne à craindre ni rien ni personne à fuir cette fois-ci. Il veut juste partir pour le plaisir de voir si l’herbe est vraiment plus verte dans le pré du voisin. Mais ça, c’est maintenant.

Avant, il n’était pas comme ça. Il n’avait pas confiance en lui et partait pour fuir ceux qu’il ne voulait pas décevoir. Tout en sachant qu’ils allaient de toute façon être déçus.

Alors voilà comment tout a commencé : par une fuite. Cette histoire, c’est d’abord celle d’une fuite en avant. Il est des voyages dont on ne revient ni tout à fait indemne, ni tout à fait seul. On ne les fait pas impunément. On le sait avant de partir et pourtant, on se laisse embarquer dans cet engrenage qui peut changer quelqu’un pour toujours. Il savait qu’il n’allait plus être le même et c’est bien pour ça qu’il est parti. C’est pour ça qu’il a tout si bien organisé. Il ne se rappelle même plus quand tout à commencé. À la réunion d’information de la faculté de droit de l’université ? À sa première leçon de suédois ? non ! tout cela a commencé bien avant. Un germe existait probablement déjà. Tout cela a commencé bien avant, dès ses premiers voyages et ses premiers séjours prolongés dans d’autres pays que le sien. Ce germe était en lui alors il a fui. Pas très longtemps. Pas très loin non plus ; la Suède n’est certainement pas une destination particulièrement exotique. Mais il est parti.

Il y avait du monde à Zaventem ce matin-là. Didier était triste, mais ne le montrait pas. Lui était simplement content de partir. Il s’en allait le cœur léger. Un peu comme quelqu’un qui sait que les problèmes ne rentrent pas dans une soute à bagages. Il les laissait aux autres. Ponce Pilate des temps modernes. Il a passé le contrôle de sécurité, a attendu une heure l’avion de 9H50 pour Copenhague et est arrivé selon l’horaire prévu. Il aurait préféré y aller en train. Pour lui, les voyages en train avaient toujours une saveur particulière. Ce qu’il ne savait pas encore, c’est que quelques mois plus tard, il attendrait le train pour la même destination à la gare de Cologne le soir le plus froid de l’année. Il a donc atterri à l’aéroport de Kastrup selon l’horaire prévu. Il a pris le train et traversé le pont de l’Øresund. Il est arrivé à Lund moins d’une heure plus tard. Mécanique bien réglée. Accueil poli. Sans enthousiasme. Suédois. Ce type d’accueil tout à fait particulier. Il ne savait pas qu’il ne parviendrait jamais à s’y faire. À cette façon d’être poli, mais uniquement dans le but de ne pas être malpoli. Être poli sans trop en faire. Être lagom.

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